A la suite de l’article du Monde précisant le nombre de suicides et de tentatives de suicides à la DGFiP depuis le début de l’année, cette information a été reprise dans de nombreux journaux de la presse régionale.
Chaque année, et c’est un drame à chaque fois, entre 6 et 12 collègues mettent fin à leur jour. Ce sont des chiffres dans la moyenne du reste de la population française. Cette année, avec 12 suicides et 8 tentatives en 6 mois, ces chiffres doivent nous alerter et nous amener à améliorer la prévention des suicides.
Les causes d’un passage à l’acte sont souvent multiples. Le travail peut faire parti de ces causes sans en être l’élément principal. L’administration se sert actuellement de cette causalité multiple pour mettre la poussière sous le tapis. La formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail n’est saisie que si l’acte se déroule sur le lieu de travail. Une enquête est alors diligentée. Dans les autres cas, l’administration présume que ce sont les causes personnelles qui ont mené à l’acte fatal. Nous ne pouvons pas accepter une telle attitude. L’UNSA DGFiP demande que la formation spécialisée locale soit systématiquement saisie en cas de suicide ou tentative de suicide afin de mener une enquête pour déterminer si le travail a pu être un élément déclencheur. Car même si c’est un élément secondaire, notre organisation doit s’en alerter et en tenir compte.
Il faut absolument améliorer la prévention et y mettre les moyens, comme cela a été le cas pour la sécurité à la suite de l’assassinat de notre collègue chef de brigade. Le déploiement de la formation de secouristes en santé mentale est une réponse mais elle reste insuffisante. Nous sommes tous, chefs de service et agents, les premiers préventeurs en étant attentifs aux difficultés de chacun, en étant simplement à l’écoute des autres. Il ne faut pas tout attendre de l’administration.
Il faut également que l’administration enlève ses œillères et comprennent que les décisions qu’elle prend impactent la vie et la santé des agents. Les services en sous-effectif constant du fait des suppressions d’emplois, c’est une charge de travail qui augmente pour ceux qui restent. Les réformes de tous ordres (structurelles, législatives, …) impactent l’organisation du travail et les conditions de travail. Les modifications des règles de gestion au détriment des agents (dernier exemple en date : l’affectation locale au choix pour les IFiP) ont un impact sur la vie et les conditions de travail. Mais tout ça est peu de choses quand le plus important est de remplir, voire dépasser (cf le rapport d’activité 2024 de la DGFiP), les objectifs fixés par la représentation nationale et le gouvernement.
Ce dernier tente de construire un budget pour 2026 et promet 40 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques. Nous verrons si, à l’aune des informations sur le nombre de suicides à la DGFiP, nos gouvernants, nos députés et nos sénateurs, oseront encore une fois faire contribuer la DGFiP en supprimant des emplois. Nous saurons alors combien la souffrance au travail des agents de la DGFiP les soucie réellement.